Patrick Modiano
Gallimard, 216 pages
Prix Goncourt 1978
Rue des boutiques obscures est une quête, un travail sur la mémoire évanescente, sur le passé et ses réminiscences.
Guy Roland part à la recherche de son identité. Visiblement
amnésique, il ne sait rien de ce qu'il fut. Il parcourt Paris à la recherche
d'indices, de photographies d'un temps révolu. De fausses pistes en rencontres
nocturnes, il reconstitue par bribes quelques unes des étapes de son passé et
certaines de ses identités. Mais pourquoi a-t-il eu plusieurs identités
successives? Patrick Modiano construit une ambiance vaporeuse, étrange et hors
du temps. Et la mémoire est comme cette brume qui flotte entre chien et loup et
que traverserait d'un pas mal assuré un homme habillé d'un imper élimé. (..)
Que s'est-il passé sous l'Occupation?
Son enquête, sa quête, le ramène aux temps troublés de la Seconde guerre mondiale et de l'Occupation.
Quand il vivait avec Denise, dont plus personne n'a aujourd'hui de nouvelles.
Que s'est-il passé? Qui était-elle? Qui était-il? Beaucoup de questions car
Modiano emmène le lecteur dans le dédale d'hypothèses, fausses pistes, et vraies
retrouvailles sur les pas d'un groupe de personnages qui furent liés et que le
temps a séparés. Freddie Howard, Gay Orlow, Denise Coudreuse. Une petite société plutôt aisée qui se fréquentait et faisait la fête. A cette époque lointaine, qui étaient les
bons, qui étaient les méchants? Avec le temps qui passe, tout s'embrume et se
distend et les rues de Paris se peuplent des fantômes du temps passé.
L'Histoire est un écho lointain, une vibration dans l'air
Pour Patrick Modiano, né en 1945 à Boulogne-Billancourt, travaillé par la figure d'un père absent qui
joua un rôle trouble pendant l'Occupation, l'Histoire n'est pas un récit
épique, ni une grande aventure, mais un écho lointain, une vibration, des
souvenirs épars, fragiles, presque inquiétants qui tendent à disparaître à mesure que le monde
continue de tourner.
"Je crois qu'on entend encore dans les entrées d'immeubles l'écho des pas de ceux qui avaient l'habitude de les traverser et qui, depuis, ont disparu. Quelque chose continue de vibrer après leur passage, des ondes de plus en plus faibles, mais que l'on capte si l'on est attentif. Au fond, je n'avais peut-être jamais été ce Pedro McEvoy, je n'étais rien, mais des ondes me traversaient, tantôt lointaines, tantôt plus fortes et tous ces échos épars qui flottaient dans l'air se cristallisaient et c'était moi." (Page 124 édition Folio)
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