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Pays de nuit, Janane Jassim Hillawi

Janane Jassim Hillawi

Actes Sud, 356 pages

2005


Titre original (en arabe): Layl al-bilâd.




On connaissait de la guerre Iran-Irak cette photo de soldat anonyme recroquevillé dans un trou boueux, symbole silencieux d'un effroyable carnage. Pays de nuit, est le grand roman de cette guerre qui fit entre 500 000 et 1 200 000 morts, de septembre 1980 à août 1988.

Abdallah est un étudiant originaire de Bassorah, la cité « pétrolière » au sud de l'Irak, à quelques kilomètres de la frontière avec l'Iran. Il est mobilisé et intègre un centre de formation. Il découvre les horreurs de la prison militaire, la torture, puis le front. C'est le grand carnage, une guerre de tranchée moderne. Il est ensuite affecté à une caserne au nord-est et se retrouve à combattre les peshmergas kurdes. Fait prisonnier, il découvre le combat de ces hommes et ces femmes dans les montagnes du Kurdistan, entre l'Irak, l'Iran et la Turquie.


Du Chatt-el-Araba au Kurdistan


Ce roman est le parcours sur une dizaine d'années de ce jeune Irakien chiite ballotté par les guerres du régime de Saddam Hussein. La guerre contre les Perses du régime des Mollahs, mais aussi la guerre contre les rebelles kurdes. Les rebelles kurdes qu'il va côtoyer au plus près et découvrir d'ailleurs les divisions entre les différents groupes, PKK, UPK, PDK, etc....


Ce roman est d'une très grande puissance d'évocation. Evocation de la guerre et des combats et dans certaines scènes, on n'est pas loin de retrouver ce que décrivaient les Barbusse, Dorgelès et autres soixante-dix ans plus tôt au sujet de la première guerre mondiale. Quand les hommes cherchent à entrer dans la boue pour échapper au déferlement des bombes et des roquettes. La zone des combats se situe non loin de Bassorah, dans le Chatt-el-Arab.

« Abdallah sortit la tête d'une tranchée de plusieurs mètres de profondeur après avoir grimpé sa paroi en escalier. Il scruta le paysage qui s'étalait devant lui dans le petit matin blafard: un sol gris et troué d'où montaient des effluves de poudre, de sang et de fumée; des tas de cendre et de corps déchiquetés éparpillés sur les flancs des talus de sable, mêlés à des débris d'engins calcinés renversés aux abords des tranchées ou en pleine campagne. L'étendue qu'il parcourait jusqu'à la lisière du fleuve Karkha était vaste et muette. Toute cette mort lui donnait un air de gravité et d'effroi. Les trous des obus avaient même été éventrés une seconde fois. Une odeur de sang et de poudre montait des corps saignés et tranchés sous les bombardements. Les canons aussi étaient tout éclatés; les tubes arrachés gisaient à plusieurs mètres de leur base. Abdallah observait la scène en se demandant si en plus de cela les Iraniens ne s'étaient pas infiltrés dans les tranchées. » Page 169

L'amitié et l'amour aussi


Le récit est aussi d'une grande puissance d'évocation quand il décrit les paysages fantastiques du Kurdistan, dans la région de Souleymaneh. L'auteur raconte la beauté de la montagne, ses dangers aussi.

« On voyait apparaître les maisons et les baraquements de Bishtashân: des cubes d'argile effrités et fumants. Malgré l'âpreté des jours passés, Abdallah était content d'être en vie... S'avançant sur les rochers, il trouva des lambeaux de tissu ensanglantés, une boîte de sardines ballonnée et des cartouchières pleines que les fuyards avaient laissés là. Des tâches de sang et des traces de pas boueuses souillaient la neige ». Page 293.

(© Bruno Barbey/Magnum Photos)

« Il s'arrêta sur le premier sommet: une série de cônes rocheux avec des crevasses profondes. Il avait déjà les pieds dans la neige. La lueur de l'aube colorait d'autres cimes de légères lignes roses et teintait les nuages blancs d'une poudre d'or qui miroitait contre un ciel d'un bleu de plus en plus intense. La lumière se déversait sur la neige avec un naturel plein de gaieté et les premiers rayons venaient de toucher les pentes de la vallée des Martyrs».
Mais ce roman saisissant est aussi une ode à l'amitié et à l'amour même si la guerre emporte tout. La guerre décrite par l'auteur n'est que la première des trois guerres du Golfe. Trois guerres en 30 ans.

« Les guerres n'eurent pas de fin. Les guerres n'ont jamais de fin, elles s'enfantent les unes les autres, comme les djinns».

Janane Jassim Hillawi est né en 1956 à Bassorah, en Irak. Il est l'auteur de plusieurs romans et recueils de poésie. Il vit aujourd'hui en Suède. Pays de nuit a été écrit entre 1993 et 1998.


Les nuits de Strasbourg

Assia Djebar
Actes Sud, 403 pages
1997







Ce long roman écrit au coeur des années 90 et publié en 1997 est un hymne à la femme libre et une dissertation sur l'histoire et les parcours atypiques des individus à travers les périodes difficiles.

Les nuits de Strasbourg raconte le séjour de Thelja à Strasbourg. Cette jeune femme algérienne, venue de Paris, laisse un mari dont elle est séparée et un jeune fils, et vient rejoindre son amant François de vingt ans son aîné, avec lequel elle va passer neuf nuits dans la capitale alsacienne. Neuf nuits dans neuf hôtels différents. L'action se passe en 1989. (..)

L'été du déserteur

Veijo Meri
Actes Sud, 169 pages
1985


Titre original en finlandais: Sujut



Le sergent Lauri Ojala et son unité de l'armée finlandaise sont en déroute, et font retraite devant une offensive des troupes soviétiques. Mais le sergent franchit le fleuve Vuoksi et quitte le front sans rien dire à personne. Il rejoint l'arrière, sa ferme où sa mère et ses soeurs travaillent dur. C'est le moment des moissons et l'occasion de retrouver son amoureuse Ritva. (..)

Johnny s'en va-t-en guerre

Dalton Trumbo
Actes Sud (Babel), 320 pages
1939 aux USA


Titre original: Johnny got his gun





Ce roman pacifiste et antimilitariste, centré sur la première guerre mondiale, a été écrit par l'auteur et scénariste américain Dalton Trumbo (1905-1976) en 1938. Mis sous presse au printemps 1939, il a été publié le 3 septembre de la même année, au moment où les panzers allemands envahissaient la Pologne et ouvraient grandes les portes de l'enfer de la seconde guerre mondiale.

Plus de vingt années plus tard, il était lu dans les meetings pacifistes pendant la guerre du Vietnam. Car Johnny s'en va-t-en guerre est probablement l'un des textes les plus virulents et les plus profondément pacifistes qu'il soit donné de lire. (..)

Tout sera oublié

Mathias Enard / Pierre Marquès

Actes sud, 144 pages

2013





A quoi sert un monument aux morts ? Est-ce le passé qui s’adresse au présent ? À moins que cela ne soit l’inverse?
Mathias Enard, qui avait déjà abordé les Balkans dans Zone, revient dans la région et plus particulièrement en Bosnie avec Tout sera oublié. Roman graphique, il s’agit d’une réflexion sur la mémoire et l’oubli, illustrée par Pierre Marquès. (...)

Où j'ai laissé mon âme

Jérôme Ferrari

Albin Michel, 153 pages

2010




Voilà un texte beau et sombre sur la nature humaine. Jérôme Ferrari développe sa vision de l'homme à travers ce drame planté au coeur de la guerre d'Algérie.

Le capitaine André Degorce, résistant français, torturé et déporté par les nazis en 1944, puis engagé volontaire en Indochine, mène la chasse aux terroristes à Alger en 1957. Sur l'un des murs de son bureau, les cases de l'organigramme du FLN se remplissent progressivement tandis que les détenus parlent sous la torture. Degorce finit par capturer Tahar, la tête du réseau. Mais le soldat français sombre à mesure qu'il entrevoit ce que la guerre fait de lui.

Cris

Laurent Gaudé

Actes Sud, 180 pages

2001




Roman polyphonique, Cris est l'entrelacs haletant des points de vue d'une demi-douzaine de soldats des tranchées de 14-18. Les monologues intérieurs se succèdent et peignent ensemble le flux et le reflux des assauts en un saisissant tableau des angoisses et de la furie de cette guerre dans la boue.

Zone

Mathias Enard

Actes Sud, 517 pages

2008



Un homme seul voyage dans un train, de Milan à Rome, par une froide nuit d'hiver. Francis Servain Mirkovic doit livrer au Vatican une mallette contenant des documents sur les meurtriers de la Zone.

La Zone, c'est la Méditerranée, côté obscure. Il la connait pour y avoir erré, comme milicien fascisant d'abord, en Croatie et en Bosnie. Et pour y avoir travaillé comme agent de renseignement, pour y avoir rencontré des hommes de l'ombre, marchands de canons, intermédiaires, espions, criminels en disgrâce, entendu leurs récits, de Beyrouth à Tanger, de Tripoli à Trieste, de Barcelone à Benghazi ou Alexandrie.

La perfection du tir



Mathias Enard

Babel / Actes Sud, 181 pages.

2003


Un tout jeune homme, à peine adulte, combat dans une ville en guerre, entre la mer et les collines. C'est peut-être le Liban, peut-être Beyrouth.
Il est sniper et sa mère est devenue folle. Il demande à Myrna, une adolescente, de s'occuper d'elle pendant qu'il combat avec son copain Zac. Tout est chaos, destructions, viols, tortures, assassinats et puis il y a Myrna; son corps à la féminité naissante qui l'hypnotise et qui occupe son esprit.