Michael Ondaatje
L'Olivier, 320 pages
1992
Titre original: The english patient
Formidable roman qui mêle amour du désert et de l'art pictural, passion et trahison, sur fond de seconde guerre mondiale, Le patient anglais est une oeuvre magistrale de l'auteur canadien d'origine sri-lankaise Michael Ondaatje.
Le patient anglais est un grand brûlé au parcours mystérieux, sur lequel veille Hana, une jeune infirmière canadienne, dans une villa de toscane au nord de Florence, dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale.
Le roman se déroule à huis clos dans cet hôpital de fortune, avec autour du duo formé par le patient rescapé d'un crash en avion en Afrique du Nord et son infirmière, un sapeur britannique d'origine indienne spécialisé dans le déminage Kirpal "Kip" Singh et David Caravaggio, un aventurier de retour d'Afrique du Nord où il a travaillé dans les services de renseignement alliés.
Aventuriers et oasis légendaires
De flash-backs en lecture des pages du livre qui accompagne le grand brûlé (les Histoires d'Hérodote), le narrateur déroule la trame d'une histoire passionnante qui emporte le lecteur dans les expéditions scientifiques des années 30 à travers les déserts libyen et égyptien; plonge au milieu de ces aventuriers partis la recherche des oasis légendaires tandis que les services de renseignements préparent une guerre imminente.
On y suit les amours adultères du comte László Almásy et de Katharine Clifton au Caire, alors véritable nid d'espions.
On y observe également l'étrange ballet du sapeur, de l'infirmière et de l'aventurier, autour du blessé, chacun avec ses blessures et ses tourments intérieurs.
La grotte des nageurs du Gilf al-Kabir
Michael Ondaatje offre un texte truffé de scènes cinématographiques: des vols en avion au dessus des dunes, des découvertes de fresques chrétiennes à la lumière d'une torche dans des églises de Toscane, le déminage périlleux de bombes non explosées, une procession qui débarque de nuit sur une plage, l'art pictural saharien comme celui de la grotte des nageurs, sur le plateau du Gilf al-Kabir.
Des pages magnifiques qui font de ce roman une oeuvre magistrale, structurée autour du récit du patient anglais, et qui s'inspire d'un personnage qui a réellement existé: le comte hongrois László Almásy.
"En mourant nous emportons avec nous la richesse des amants et des tribus, les saveurs que nous avons goûtées, les corps dans lesquels nous avons plongé et que nous avons remontés à la nage comme s'ils étaient des fleuves de sagesse, les personnages dans lesquels nous avons grimpé comme s'ils étaient des arbres, les peurs dans lesquelles nous nous sommes terrés comme si elles étaient des grottes. Je souhaite que cela soit inscrit dans ma chair lorsque je serai mort. Je crois à ce genre de cartographie - celle dont la nature vous marque, et non celle que nous croyons lire sur une carte comme les noms des riches sur les immeubles. Nous sommes des histoires communes, des livres communs. Nous n'appartenons à personne et nous ne sommes monogames ni dans nos goûts ni dans notre expérience. Je n'avais qu'un désir, marcher sur une terre privée de cartes.
J'emportai Katherine Clifton dans le désert, là où se trouve le livre commun du clair de lune. Dans le murmure des puits. Dans le palais des vents". (Page 280)
Adapté au cinéma
Le roman Le patient anglais a fait l'objet d'une adaptation au cinéma par Anthony Minghella en 1996 avec Kristin Scott Thomas (Katharin Clifton), Ralph Fiennes (laszlo Halmasy), Juliette Binoche (Hana), et Willem Dafoe (Caravaggio). On notera que le scénario du film réduit le nombre de personnages et transforme certaines scènes et il faut avouer, n'en déplaise aux puristes, que certaines trouvailles sont parfaitement bienvenues. Le film a décroché neuf oscars dont celui du meilleur film, du meilleur scénario, de la meilleure actrice dans un second rôle (Binoche).
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