Sébastien Ménestrier
Gallimard, 92 pages
2013
La guerre met à l'épreuve les hommes et ce qui les unit, révèle les failles et les fêlures.
Pour Joseph et Ménile, l'amitié est ancienne, puissante et forte. Ces deux jeunes hommes s'engagent dans la Résistance, en France en 1943. Non pas à plein-temps, comme ceux qui ont rejoint le maquis et qu'ils approvisionnent, mais ponctuellement au volant d'un camion. Et Ménile accompagne Joseph parce que c'est Joseph, c'est tout. Après l'exécution d'un officier allemand, ils sont arrêtés, séparés. Suivent les interrogatoires, la torture (...)
Sébastien Ménestrier peint par touches successives cette amitié ancienne ancrée jusqu'au plus profond des coeurs. Son écriture est sobre, courte et incisive.
Ce roman de moins de cent pages est une succession de brefs chapitres qui se résument à un ou deux paragraphes seulement. Lecture rapide, travail impressionniste. La guerre n'est finalement pas le sujet de Pendant les combats, même si l'auteur, un instituteur bisontin né en 1979, revisite un épisode tragique de son histoire familiale : l'exécution de son grand-père pour fait de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale à Dijon.
Le sujet est ailleurs. Il s'agit ici de cette amitié ancienne entre deux hommes aux profils différents. Une relation profonde mais qui se révèle par trop déséquilibrée. Joseph se nourrit de l'admiration que lui voue Ménile tandis que celui-ci aspire en silence à une forme de reconnaissance ; une aspiration secrète et déçue. Ce déséquilibre des sentiments au coeur même de la relation et que déclinait déjà Henri Troyat dans son Extrême amitié ne suffira pas à séparer les deux hommes. Ils partageront le même destin.
"Le lendemain, Joseph a annoncé à Ménile que pendant les semaines à venir, ce dernier ne s'occuperait plus des chargements. Le commandant craignait une défaillance, si quelque chose de dur arrivait de nouveau. Ménile n'a pas compris. Lorsque les soldats les avaient arrêtés, place Darcy, il avait su faire face, pas vrai? la veille, la route était étroite, il y avait des trous, une roue avait dû s'entraver, c'était tout. Ils pouvaient lui faire confiance, au moins pour l'accompagner. Leur décision était déjà prise, a dit Joseph." (Page 60)
ce livre est court et donne vraiment au lecteur l'impression d'etre dans le livre avec les personnages sans pour autant donné trop de renseignements sur la description ce qui nous donne le pouvoir d'imaginer les lieux comme bon nous semble .
RépondreSupprimertres bon livre pour cet ecrivain bisontin pourtant si jeune !
Il a de l'avenir devant lui !
Oui, en cela, Sébastien Ménestrier applique parfaitement une maxime de Flaubert: « Le difficile en littérature, c'est de savoir quoi ne pas dire. » Il faut en quelque sorte laisser le lecteur faire une partie du travail.
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