L'espoir




André Malraux

Gallimard, 589 pages

1937



C'est un roman de guerre, sur la guerre, écrit pendant la guerre et publié  en 1937, avant la fin de la guerre. L'action se passe à Madrid, Barcelone, Tolède, de juillet 1936 à mars 1937, c'est-à-dire aux premiers mois de la guerre d'Espagne.

On y suit Manuel le syndicaliste qui devient au fil des batailles et des offensives un chef de guerre respecté et expérimenté,  le Négus et ses camarades dans les combats de Barcelone. André Malraux, s'inspirant de son expérience personnelle, met également en scène les équipages et les combats d'une escadrille internationale qui défend Madrid contre les offensives des nationalistes.


Ce beau texte enflammé décrit, exclusivement dans le camp républicain, à travers des scènes au lyrisme et à la réalité sans concessions, cette guerre civile qui dévasta l'Espagne et son peuple: Madrid sillonnée d'autos mitrailleuses filant dans la nuit, les barricades à travers les avenues, ces bras levés au son des "salud", l'Alcazar de Tolède sous les canons, les combats dans la Sierra.

Malraux, qui ne connaît pas l'issue de la guerre quand il publie L'espoir met en lumière les nombreux débats qui animaient les rangs des Républicains: syndicalistes, anarchistes, anarcho-syndicalistes, libéraux, les militants des organisations, la CNT, la CGT, le POUM, tout cela à l'ombre de Moscou dont ils attendaient le soutien. Quelles pouvaient être la nature et la réalité de cette révolution qui devait tout construire et en même temps résister aux troupes  nationalistes de Franco, bien équipées et bien organisées, les phalangistes, les Maures d'Afrique, les légionnaires, les troupes italiennes envoyées par Mussolini?

Le livre s'achève sur l'échec de l'offensive des nationalistes sur Madrid. C'est la fin de la première étape de la guerre, celle qui laissa penser aux Républicains que tout espoir était permis et que le fascisme ne passerait pas. No Pasaran!

"Une sirène d'usine meugla dans le matin. Comme les jours où ne se décident que les petits destins. Comme les jours où le Negus et ses copains les entendaient et se hâtaient devant de longs murs gris et jaunes, des murs sans fin. Dans la même aube, avec les mêmes lumières électriques encore allumées, et qui semblaient suspendues au fil du tram.
Une seconde sirène. Dix, vingt.
Cent.
Tout le groupe resta au milieu d'une chaussée, cataleptique. Jamais aucun des compagnons du Négus n'avaient entendu plus de cinq sirènes à la fois. Comme les villes menacées d'Espagne jadis s'ébranlaient sous les cloches de toutes leurs églises, le prolétariat de Barcelone répondait aux salves par le tocsin haletant des sirènes d'usine".

Malraux a adapté son propre roman. Il réalisa le film Espoir, sierra de Teruel, en 1938.

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