Un secret


Philippe Grimbert

Grasset et Fasquelle, 185 pages

2004




Les secrets de famille sont ceux qui se transmettent le plus facilement. Inconsciemment. Il reste toujours quelque chose de ce qui est tu par une génération. Cela se diffuse, plane, rôde, et marque les générations suivantes d'une manière ou d'une autre. (..)


François le narrateur, s'est inventé un grand frère. Il s'agit d'un grand classique de la psychanalyse. Le petit garçon imagine ce grand frère plus fort, plus beau, avant de découvrir que celui-ci a vraiment existé. Grâce aux confidences de Louise, une amie de la famille, il reconstitue l'histoire familiale, tragique et marquée par la Shoah.

Derrière l'histoire officielle, une tragédie


Philippe Grimbert livre un roman autobiographique poignant, d'une très grande intensité, sur la Shoah et l'occupation en France pendant la seconde guerre mondiale. Il raconte l'histoire de sa famille juive, vivant à Paris, et qui décide de fuir les rafles et le port de l'étoile jaune en s'installant en zone libre.
Le roman prend la forme d'une quête. Le narrateur, François, né en 1948, tente de reconstituer l'histoire familiale dont il ne possède que des bribes, des pièces d'un puzzle qui lui semblent mal accordées. Il découvre le premier mariage de son père, son premier fils et l'épisode où tout se noue, le départ vers la zone libre d'une partie des membres de la famille.
L'expédition est périlleuse. Hannah, la première femme de son père et leur fils Simon n'arriveront pas à destination et seront happés par la machinerie infernale de l'extermination mise en place par les nazis. Ils disparaîtront à Auschwitz.
Maxime refera sa vie avec Tania, sa belle-soeur pour qui il éprouvait déjà de l'attirance avant le drame. De leur passion naîtra François. Ils s'efforceront d'enfouir au coeur du non-dit familial le premier chapitre douloureux et tragique de leur histoire, celui d'avant la naissance de François, à l'aide d'une version officielle, et du silence complice des proches. En vain.
La découverte de la véritable histoire de ses parents, et donc de sa vraie place dans l'histoire familiale constituera une forme de libération pour le narrateur, désormais à même de s'occuper de sa propre vie et de son futur après avoir été enfermé dans le passé de ses parents, leurs mensonges et leur culpabilité.

"A chaque fois que mes parents abordaient l'époque de la guerre surgissait le nom du village qui les avait accueillis lorsque la pénurie et les menaces de réquisition les avaient amenés à franchir la ligne de démarcation. Ils avaient fermé le magasin, en avait confié les clefs à Louise, leur voisine et amie fidèle. Elle veillerait à ce que les marchandises ne soient pas pillées en leur absence. Une de ses cousines qui travaillait à la mairie d'une localité de l'Indre leur avait fourni l'adresse d'une famille susceptible de les héberger. Assurés d'y trouver un toit ils avaient quitté Paris pour Saint-Gaultier, dont ils prononçaient le nom avec exaltation. Ils l'associaient à deux années exceptionnelles, souvenir de pur bonheur, parenthèse de sérénité dans la tourmente".

Ce roman a fait l'objet d'une adaptation cinématographie en 2007 par Claude Miller, avec Cécile de France, Patrick Bruel, Ludivine Sagnier, Mathie Amalric et Julie Depardieu.






Les personnages du roman de Philippe Grimbert:

Mademoiselle Louise, infirmière, amie de la famille et confidente de François le narrateur.

Tania et Maxime, les parents de François.

Maxime, fils de Joseph (immigré roumain) et Caroline (morte tôt). Cadet d'une fratrie de trois enfants avec Georges (marié à Esther) et Elise (mariée à Marcel).

Tania, fille de Martha et André (André a quitté tôt sa femme et sa fille). Un premier mariage avec Robert, qui décédera, soldat en camp de prisonniers.

Hannah, soeur de Robert et première femme de Maxime. Mère de Simon. Disparus tous les deux à Auschwitz.






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