Boualem Sansal, Le village de l'Allemand

Boualem Sansal

Gallimard, 304 pages

2008




Au-delà du thème de la quête d'identité, Le village de l'Allemand est un roman qui déroule une thèse de combat: l'islamisme radical est comparable au nazisme. (...)

Nankin la cité en flammes, Ethan Young

Ethan Young

Urban China, 192 pages

2015


Nankin la cité en flammes, est un manhua, c'est-à-dire une bd chinoise. Elle se lit à l'occidentale, de gauche à droite. Le récit traite d'un épisode particulièrement tragique de la guerre sino-japonaise de 1937, le massacre de Nankin qui fit jusqu'à 300000 victimes selon certaines estimations.

Le Japon attaque la Chine et dans l'offensive, les généraux chinois abandonnent Nankin, les soldats ainsi que les civils qui y sont pris au piège. Nankin la cité en flammes est l'histoire d'un capitaine de l'armée chinoise et de l'un de ses soldats, qui errent à travers les décombres de la ville pour tenter de s'échapper.

 Huis clos dans Nankin envahie


 Dans leur tentative pour rejoindre la zone de sécurité, au coeur de la ville, ils croisent des civils qui se terrent et qui essayent d'échapper au grand massacre. Cette zone de sécurité a réellement existé et le personnage occidental qui apparaît est une référence aux quelques témoins occidentaux qui ont assisté au massacre et qui ont pu le documenter.

 Les planches en noir et blanc sont particulièrement expressives et reconstituent une ambiance difficile, lourde, âpre, terrible même si les scènes de massacres ne sont pas présentes. Pas de manichéisme toutefois dans cette histoire où tous les soldats japonais ne sont pas des brutes saoûles et meurtrières.


L'histoire se résume à une sorte de huis clos au sein de la cité, et peu d'éléments sont toutefois donnés pour comprendre la situation générale et le contexte, si ce n'est un rappel historique en annexe.

L'auteur, Ethan Young est né en 1983 à New York de parents immigrés chinois précise l'éditeur Urban China .

Meurtres pour mémoire, Didier Daeninckx

Didier Daeninckx

Gallimard, 216 pages

1984



A travers l'enquête de l'inspecteur Cadin, l'auteur Didier Daeninckx aborde dans Meurtres pour mémoire deux chapitres importants de l'histoire de France: la guerre d'Algérie et l'Occupation.

Deux époques, deux conflits et deux générations dans cette histoire aux personnages imaginaires: celle d'un prof, d'histoire justement Roger Thiraud, qui assiste, juste avant d'être assassiné, à la répression sanglante de la manifestation pacifique organisée par le FLN en plein Paris le 17 octobre 1961. Et celle de son fils assassiné à Toulouse vingt ans plus tard tandis qu'il vient de consulter des archives de la préfecture datant de la seconde guerre mondiale.

FLN, OAS et exécutions ciblées


Meurtres pour mémoire est d'abord un polar pas trop mal ficelé avec enquêteurs, meurtriers, complices, indics, témoins prostrés et documents compromettants. Mais ce roman vise aussi à restituer l'ambiance d'octobre 1961, alors que la guerre d'Algérie fait rage, que les attentats et les exécutions ciblées s'enchaînent, organisés par les pro indépendance mais aussi par les partisans de l'Algérie française en métropole.

Le 17 octobre 1961 est ce jour de violence policières et de massacre. Quand la police disperse une manifestation du côté du carrefour Bonne Nouvelle et tire sur les manifestants. Il y aura des dizaines de morts. Vingt ans plus tard, le jeune prof d'histoire lui aussi découvre, dans des archives cette fois,  le travail zélé d'un fonctionnaire sous le régime de Vichy qui collabora avec l'occupant pour la traque des Juifs.

Une référence implicite à la trajectoire de Maurice Papon


L'auteur, dont l'oeuvre est réputée pour ses engagements sociopolitiques, ne met pas ces deux chapitres historiques au hasard dans son roman. Il s'agit d'abord de deux scandales mettant en scène les services de police. Il s'agit aussi d'une référence au fait que le préfet de police en 1961 s'appelait Maurice Papon et que celui-ci fut le secrétaire de la préfecture de Gironde qui organisa des convois de Juifs pour le compte des Allemands pendant la seconde guerre mondiale.

Le parcours des personnages de Daeninckx n'est pas tout à fait celui là, puisque l'action du roman se passe entre Paris et Toulouse et non Bordeaux; l'issue n'est pas la même non plus et Papon fut jugé et condamné pour complicité de crimes contre l'humanité en 1998. Mais la référence est implicite. Le roman est paru quelques années seulement après les premières révélations sur le passé de Papon.

Rouge Braise, Rolande Causse

Rolande Causse

Gallimard jeunesse, 96 pages

1985



L'histoire se passe en 1944 en France. Dounia et sa Grand-mère quittent Paris en raison des bombardements et vont rejoindre une partie de la famille en Bourgogne, à Saint-Léon, petit village où s'active un réseau local de résistants.

Le père de Dounia est prisonnier de guerre en Allemagne et sa maman est en convalescence en Suisse. La jeune fille, en butte à l'hostilité des gamins du village, ne fréquente l'école communale que quelques jours. Elle passe ensuite ses journées avec sa tante et son oncle Georges, impliqué dans un réseau local de résistants, qui l'emmène avec lui pour les livraisons d'armes et qui parfois lui demande même de transmettre un message à l'insu des soldats allemands.

Occupation, résistance et représailles allemandes


Ce court roman développe, tout en douceur et sensibilité, le récit à hauteur de la préadolescente héroïne de l'histoire et donne au jeune lecteur une approche de ce chapitre de la seconde guerre mondiale qu'est l'Occupation.

Roman de formation, d'initiation, de découverte de la vie à la campagne, Rouge Braise est en même temps récit de l'action des résistants français avec les messages codés à la radio, les expéditions nocturnes, les réunions secrètes, les bruits des avions qui viennent parachuter des armes pendant la nuit, mais aussi, les crimes et les destructions de l'occupant.

L'auteur, Rolande Causse, née en 1937 s'est inspirée d'un "lointain souvenir de jeunesse".
L'éditeur indique que ce roman est adapté aux enfants de 10 à 13 ans.

Compagnie K, William March

William March

Gallmeister, 259 pages

1933 aux USA

Titre d'origine: Company K



Étonnant et saisissant roman que Compagnie K. 133 chapitres, courts et percutants. 133, c'est le nombre d'hommes que compte la compagnie K, de l'armée des États-Unis d'Amérique. L'auteur, William March, vétéran de la première guerre mondiale, offre un tableau saisissant de la guerre de 14, un tableau sombre, amer, terrible, peint essentiellement à partir des tranchées.

On s'engage sous la pression populaire et la propagande, on exécute les prisonniers, on se bat au corps à corps, sous le déluge de feu et de mitraille. On en revient blessé, physiquement et ou psychiquement, hanté par les morts et les blessés, et poursuivi par la mauvaise conscience des actes effectués pendant les combats et que l'on regrette aussitôt.

Les Doughboys du Corps expéditionnaire américain (AEF)


Les USA sont entrés en guerre à la fin de l'année 1917 et le corps expéditionnaire (AEF, American expeditionnary Force), et ses milliers de Doughboys, est arrivé très rapidement et a pris part aux batailles de l'Aisne, de Meuse, Argonne, Saint-Mihiel...). Compagnie K s'inscrit dans cette histoire.

Chaque chapitre pourrait être une courte nouvelle, du point de vue du soldat qui parle à la première personne. Mais l'ensemble s'articule et s'organise, et donne à voir la vie d'une unité telle que la Compagnie K. La vie et aussi la mort pourrait-on dire.

Un roman polyphonique


Ce roman choral donne parfois à voir certaines actions sous plusieurs angles, selon les points de vue de différents soldats. Comme cet officier qui envoie un groupe d'hommes à l'attaque d'un nid de mitrailleuse. Dans le chapitre suivant, c'est le point de vue des soldats à l'attaque qui est développé.
Une technique employée plus tard par l'écrivain Laurent Gaudé dans son roman Cris, publié en 2001.

Ce roman balaie toute forme d'héroïsme et traite de la guerre comme une chose vaine et cruelle, à la manière d'un Dalton Trumbo, autre auteur américain qui publia Johnny s'en va en guerre en 1939.


"La compagnie K a engagé les hostilités le 12 décembre 1917 à 22h15 à Verdun (France) et a cessé le combat le 11 novembre 1918 au matin près de Bourmont, ayant la nuit précédente traversé la Meuse sous les bombardements ennemis; et ayant participé, au cours de la période susmentionnée, aux opérations décisives suivantes: Aisne, Aisne-Marne, Saint-Mihiel et Meuse-Argonne.
De nombreux hommes ont été cité pour leur bravoure, et les décorations ont effectivement été décernées pour service exemplaire sous le feu: 10 croix de guerre (dont quatre avec palme); 6 Distinguished service cross; 2 médailles militaires et une Medal of honnor, cete dernière ayant été attribuée au soldat Harold Dressern un homme qui a fait preuve d'un courage individuel peu commun. (Caporal Stephen Waller)
Après la fin de la guerre, j'ai repris mon ancien boulot d'employé de la General Hardware Company, et j'y suis toujours. Dans ma ville, les gens me montrent du doigt à ceux qui ne sont pas du coin en leur disant: " ce type est rentré l'uniforme couvert de médailles, vous l'auriez jamais deviné, hein?" Et les gens qui ne sont pas du coin répondent toujours que c'est vrai, jamais ils l'auraient deviné". (Soldat Harold Dresser)


 Pour aller plus loin, on consultera les chroniques des ouvrages suivants:



Les enfants de choeur, Alphonse Boudard

Alphonse Boudard

Flammarion, 280 pages

1982





Les enfants de choeur est un recueil de nouvelles publié à l'aube des années 1980 par Alphonse Boudard (1925-2000). Écrivain, résistant, malfrat, il s'inspire de sa vie riche et dense pour raconter avec truculence des scènes de vie peuplées de personnages hauts en couleur.

Toutes les nouvelles ne traitent pas de la guerre. Nous retenons toutefois ce recueil pour ce blog, consacré à la guerre dans la littérature rappelons-le, car quelques uns de ces textes plongent le lecteur au temps de la seconde guerre mondiale. La faconde de l'auteur reconstitue à merveille le quotidien de ces temps agités.

Il en va ainsi par exemple de la nouvelle intitulée Mariette, qui conte une histoire de coeur entre Alphonse qui "bricole" un peu dans la Résistance et Mariette qui fait son éducation sexuelle au début de l'année 1944. Entre le Luna Park ,le cinéma où passent les films de Jean Marais, ou le 36 quai des Orfèvres, c'est un peu du Paris sous l'Occupation que l'auteur donne à voir.
Il y a aussi Le Prisonnier, un huis clos entre un FFI et deux GI's, à proximité de Rezonville, en 1944 face aux lignes allemandes.
 

"On nous cloque dans l'arrière-salle. Le menu aujourd'hui c'est du foie de génisse avec de la purée de pommes de terre et puis de la vraie crème renversée. En nous annonçant ces bonnes choses, la patronne, une forte mémère, elle fait des clins d'oeil à Mariette. Je respire que c'est à mon propos. Ça paraît bizarre... j'ai l'impression que les rôles, comme la crème, sont renversés, que Mariette se comporte avec moi comme un monsieur qui sort une petite nana qu'il vient d'emballer. Ces temps où je vous ramène... trente huit piges en arrière,... sont si phallocratiques dans les moeurs, que je me sens tout de même humilié! Devant la purée, le beurre, la tranche de foie, je bois toute ma honte en même temps que le picrate... une bonne bouteille de chinon pour arroser les victuailles. Autour de nous, les quatre ou cinq tables sont occupées par des couples plutôt cossus... les lascars aux costumes bien coupés... pompes triple semelle... les dames rebondies de la croupe... bagousées, emperlousées.. ça m'a l'air de ces fameux profiteurs dont on nous parle à Radio-Paris... Il fait chaud dans ce restaurant, tout est feutré, on se sent presque à l'abri de la guerre". (Mariette)

La question, Henri Alleg

Henri Alleg

Éditions de minuit, 93 pages

1958



Court texte à portée incalculable, La Question est le récit d'un mois de captivité et de torture en pleine bataille d'Alger en 1957. Son auteur, le journaliste Henri Alleg (1921-2013) y raconte les sévices et les tortures qu'il subit dans la prison El-Biar, de la part des parachutistes de la 10e DP (Division parachutiste), à qui le pouvoir politique a confié les pleins pouvoirs pour affronter le FNL.

C'est la guerre d'Algérie et la bataille d'Alger fait rage, entre attentats et rafles, répression, censure, exécution sommaires et tortures. La bataille sera gagnée par les militaires, qui sortiront le FLN de la ville, mais perdue par la civilisation et la démocratie du fait des moyens employés par les soldats.

Torture à l'électricité

Henri Alleg, directeur du journal Alger Républicain interdit en 1955 est militant de parti communiste algérien. Il entre dans la clandestinité pour échapper à la mesure d'internement qui menace chaque collaborateur du quotidien réputé pour ouvrir ses colonnes à toutes les opinions, y compris celles qui dénoncent le système colonial. Il est arrêté en novembre 1956 dans le logement de son ami Maurice Audin, arrêté la veille et où les militaires ont mis en place une souricière. Maurice Audin, jeune mathématicien a disparu, il n'est jamais réapparu comme de nombreux autres; probablement lors de ce qui était appelé "les corvées de bois".

Henri Alleg (1921-2013)

Pour faire parler Henri Alleg, les soldats qu'il nomme par leurs noms dans son récit, le torturent à l'électricité, le battent, le brûlent. Il est ensuite transféré dans un camp d'où il fait parvenir en France une copie de sa plainte au procureur d'Alger. Une campagne de mobilisation va parvenir à le faire libérer. La parution de La Question en 1958 sera plusieurs fois interdite et mobilisera de nombreux intellectuels.

Révélations et prise de conscience


Ce récit bref et violent comme une décharge d'électricité sur la langue, pose la question des moyens utilisés et des limites qui s'imposent pour parvenir à un résultat, en l'occurrence guerrier. Il met en lumière les pratiques, tortures et exécutions sommaires, mises en oeuvre par les paras de la 10e DP. Des pratiques révélées au grand public, reconnues et défendues par certains des officiers de l'époque au prétexte qu'ils luttaient contre des actes terroristes. Ce court texte fait comprendre à tout à chacun que cela est fait en son nom et au nom de la puissance coloniale; que cette guerre (qui n'est pas appelée ainsi en ce temps là), est une sale guerre. Ces pratiques saliront longtemps l'image de la France et de son armée.

"Il y a maintenant plus de trois mois que j'ai été arrêté. J'ai côtoyé, durant ce temps, tant de douleurs et tant d'humiliations que je n'oserais plus parler encore de ces journées et de ces nuits de supplices si je ne savais que cela peut être utile, que faire connaître la vérité c'est aussi une manière d'aider au cessez-le-feu et à la paix. Des nuits entières, durant un mois, j'ai entendu hurler des hommes que l'on torturait, et leurs cris résonnent pour toujours dans ma mémoire. J'ai vu des prisonniers jetés à coup de matraque d'un étage à l'autre et qui, hébétés par la torture et les coups, ne savaient que murmurer en arabe les premières paroles d'une ancienne prière.
Mais, depuis, j'ai encore connu d'autres choses. j'ai appris la "disparition" de mon ami Maurice Audin, arrêté vingt-quatre heures avant moi, torturé par la même équipe qui ensuite me "prit en mains". Disparu comme le Cheick Tebessi, président de l'association des Oulamas, le docteur Cherif Zahar, et tant d'autres". (Pages 12-13)


Le patient anglais, Michael Ondaatje

Michael Ondaatje

L'Olivier, 320 pages

1992

Titre original: The english patient




Formidable roman qui mêle amour du désert et de l'art pictural, passion et trahison, sur fond de seconde guerre mondiale, Le patient anglais est une oeuvre magistrale de l'auteur canadien d'origine sri-lankaise Michael Ondaatje.

Le patient anglais est un grand brûlé au parcours mystérieux, sur lequel veille Hana, une jeune infirmière canadienne, dans une villa de toscane au nord de Florence, dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale.

Le roman se déroule à huis clos dans cet hôpital de fortune, avec autour du duo formé par le patient rescapé d'un crash en avion en Afrique du Nord et son infirmière, un sapeur britannique d'origine indienne spécialisé dans le déminage Kirpal "Kip" Singh et David Caravaggio, un aventurier de retour d'Afrique du Nord où il a travaillé dans les services de renseignement alliés.


Aventuriers et oasis légendaires


De flash-backs en lecture des pages du livre qui accompagne le grand brûlé (les Histoires d'Hérodote), le narrateur déroule la trame d'une histoire passionnante qui emporte le lecteur dans les expéditions scientifiques des années 30 à travers les déserts libyen et égyptien; plonge au milieu de ces aventuriers partis la recherche des oasis légendaires tandis que les services de renseignements préparent une guerre imminente.

On y suit les amours adultères du comte László Almásy et de Katharine Clifton au Caire, alors véritable nid d'espions.

On y observe également l'étrange ballet du sapeur, de l'infirmière et de l'aventurier, autour du blessé, chacun avec ses blessures et ses tourments intérieurs.

La grotte des nageurs du Gilf al-Kabir


Michael Ondaatje offre un texte truffé de scènes cinématographiques: des vols en avion au dessus des dunes, des découvertes de fresques chrétiennes à la lumière d'une torche dans des églises de Toscane, le déminage périlleux de bombes non explosées, une procession qui débarque de nuit sur une plage, l'art pictural saharien comme celui de la grotte des nageurs, sur le plateau du Gilf al-Kabir.

Des pages magnifiques qui font de ce roman une oeuvre magistrale, structurée autour du récit du patient anglais, et qui s'inspire d'un personnage qui a réellement existé: le comte hongrois  László Almásy.


"En mourant nous emportons avec nous la richesse des amants et des tribus, les saveurs que nous avons goûtées, les corps dans lesquels nous avons plongé et que nous avons remontés à la nage comme s'ils étaient des fleuves de sagesse, les personnages dans lesquels nous avons grimpé comme s'ils étaient des arbres, les peurs dans lesquelles nous nous sommes terrés comme si elles étaient des grottes. Je souhaite que cela soit inscrit dans ma chair lorsque je serai mort. Je crois à ce genre de cartographie - celle dont la nature vous marque, et non celle que nous croyons lire sur une carte comme les noms des riches sur les immeubles. Nous sommes des histoires communes, des livres communs. Nous n'appartenons à personne et nous ne sommes monogames ni dans nos goûts ni dans notre expérience. Je n'avais qu'un désir, marcher sur une terre privée de cartes.
J'emportai Katherine Clifton dans le désert, là où se trouve le livre commun du clair de lune. Dans le murmure des puits. Dans le palais des vents". (Page 280)

Adapté au cinéma


Le roman Le patient anglais a fait l'objet d'une adaptation au cinéma par Anthony Minghella en 1996 avec Kristin Scott Thomas (Katharin Clifton), Ralph Fiennes (laszlo Halmasy), Juliette Binoche (Hana), et Willem Dafoe (Caravaggio). On notera que le scénario du film réduit le nombre de personnages et transforme certaines scènes et il faut avouer, n'en déplaise aux puristes, que certaines trouvailles sont parfaitement bienvenues. Le film a décroché neuf oscars dont celui du meilleur film, du meilleur scénario, de la meilleure actrice dans un second rôle (Binoche).









Les cercueils de zinc, Svetlana Alexievitch

Svetlana Alexievitch

Christian Bourgois éditeur, 374 pages

1990


Titre original: Zinky boys







Les cercueils de zinc relève bien plus du travail journalistique que de l'oeuvre littéraire. L'auteur Svetlana Alexievitch, journaliste biélorusse fait parler, en une succession rapide de chapitres, d'innombrables témoins de la guerre d'Afghanistan menée par les soviétiques de 1979 à 1989.

Les soldats bien sûr, revenus de là-bas et qui racontent le quotidien fait de combats et d'atrocités, de précarité matérielle, de marché noir, de haine. Ils racontent aussi comme ils vivent leur retour dans une société retournée, qui les y a envoyés et qui désormais rejette cette sale guerre et ceux qui l'ont faite en son nom.

La guerre d'Afghanistan


L'auteur donne aussi la parole, dans cette succession de monologues, aux familles des soldats, ravagées par le deuil et la culpabilité. De témoignages en témoignages se dessine le profil d'une guerre sale, incompréhensible, d'un pays qui n'a pas les moyens de ses ambitions guerrières, d'une population endoctrinée et qui finalement détourne son regard de ceux qu'elle a contribué à envoyer faire la guerre aux Afghans.



Svetlana Alexievitch (Photo Frédéric Stucin)
Svetlana Alexievitch a été traînée devant la justice pour son travail, elle a été accusée de salir les anciens combattants, quand elle entendait dire toute la vérité sur cette guerre, et sur les cercueils de zinc contenant les dépouilles des soldats soviétiques, ramenés tout à fait discrètement par avion. Son travail a pourtant permis de faire avancer la société soviétique, de poser la lumière sur les faits et de faire avancer la vérité.

Svetlana Alexievitch s'est vue décerner le prix Nobel de littérature en 2015. Son oeuvre, qui relève de la littérature de témoignage, aborde l'histoire par le biais de successions de témoignages d'anonymes, qu'il s'agisse de témoins de la seconde guerre mondiale, de la catastrophe de Tchernobyl ou de la chute du communisme.




Un voleur parmi nous, Tobias Wolff

Tobias Wolff

Gallmeister, 112 pages

2016



Titre original: The Barracks Thief




C'est un court roman qui donne à voir un peu du quotidien des jeunes soldats incorporés dans l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam. Un voleur parmi nous se déroule en 1967, au camp de Fort Bragg, en Caroline du Nord. Philip qui a intégré la 82e division aéroportée attend son ordre de départ pour le Vietnam. Pendant cette période, il se retrouve avec Lewis et Hubbart à devoir garder un dépôt de munitions.

Soldats et civils, anciens et jeunes recrues


Se côtoient dans ce roman sans vraiment se mélanger, les bleus et les anciens, ceux qui ont connu le Vietnam et ceux qui vont bientôt partir. L'auteur, l'Américain Tobias Wolff, décrit une autre fracture, celle qui grandit en cette période, entre les soldats et les civils, sur fond de contestation grandissante de la guerre.

Il donne aussi à voir cette vie dans les grandes bases et autour, les bars à hôtesses, les vendeurs de voitures d'occasion, tandis que l'armée à travers la formation des recrues, développe le sentiment d'appartenance des soldats à leur unité, et leur capacité à respecter un ordre quelle que soit l'évolution du contexte.

Le style est épuré, simple comme la vie de ces soldats. L'auteur créé un suspense qu'il entretient en mettant en place une double narration.

Tobias Wolff est né en 1945 dans l'Alabama. Il a passé quatre années dans l'armée américaine dans les années soixante. Il a publié Un voleur parmi nous en 1985.

[Podcast] Ecrivains dans la guerre, France culture

Ernest Hemingway (1899-1961)

Ecrivains dans la guerre
France Culture
Eté 2013







France Culture a présenté à l'été 2013 une série d'émissions hebdomadaires de 29 minutes sur les écrivains dans la guerre, réalisée par Olivier Weber.

Le grand reporter, correspondant de guerre, écrivain raconte le travail des romanciers dans la ou les guerres qu'ils ont traversées. Eléments de contexte, biographie, influence de l'événement sur l'homme et son oeuvre. De courtes séquences particulièrement bien faites.

Des écrivains au sommet de leur art


Le point commun de ces itinéraires est le fait que les romanciers sont tous déjà connus et au sommet de leur art quand ils s'en vont rendre compte des conflits en tant qu'envoyés spéciaux.

Grossmann pour la Pravda à Stalingrad, Malaparte pour le Corriere della Sera en Abyssinie et en URSS, John Steinbeck en Italie pendant la seconde guerre mondiale, Ernest Hemingway en Espagne, Jack London en Corée et au Mexique, Joseph Kessel en Israël en 1948.

Au programme:

(il suffit de cliquer su le patronyme pour accéder au podcast)

Le site de l'émission est sur le lien suivant: France culture Ecrivains dans la guerre

Les âmes grises, Philippe Claudel

Philippe Claudel

Stock, 288 pages

2003





Les âmes grises est le roman de la noirceur, de la vie recluse, des destinées égarées, du temps perdu. En 1917, dans une bourgade située à quelques kilomètres du front, une toute jeune fille est retrouvée étranglée au bord du canal. Le juge Mierck mène l'enquête. Le narrateur, policier au moment des faits, raconte "l'Affaire" bien des années plus tard: l'histoire de ce meurtre, son contexte, alors que tonne le canon et la première guerre Mondiale.

L'auteur, Philippe Claudel brosse le tableau d'un décor âpre, rugueux, une ambiance lourde, à couper au couteau. Il met en scène une brassée de personnages qui ne sont d'ailleurs, pour la plupart ni bons ni mauvais, jamais vraiment heureux, ou alors pour un court laps de temps. Dans ce pays, souvent, le malheur rattrape les petites gens. Comme la guerre attrape les destins des soldats qui défilent dans la bourgade, allant ou revenant du front. Il y a le procureur Destinat, l'institutrice Lysia Verhareine, Joséphine Maulpas.

Une intrigue, du suspense, et une adaptation au cinéma




D'ailleurs, la guerre est omniprésente. Le canon tonne, les régiments montent au front. Les soldats en reviennent blessés, gueules cassées.

Ce roman s'articule autour du récit a posteriori des évènements qui précédèrent et qui suivirent la découverte du cadavre de Belle de jour, le surnom de la petite assassinée, seul véritable personnage rayonnant. Ce n'est pas à proprement parler un polar même si l'intrigue et le suspense restent ouverts jusqu'à la fin de ce beau, sombre et profond roman.

« Moi non plus, lui dis-je, je n'ai plus son visage... Souvent je le cherche, j'ai l'impression qu'il vient vers moi, et pus il s'efface, il ne reste plus rien, alors je me tape, je m'engueule...Pourquoi donc, bêta? Ne plus se souvenir du visage de celle qu'on aimait... Je suis un salaud ». Joséphine haussa les épaules:« Les salauds, les saints, j'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil... T'es une âme grise, joliment grise, comme nous tous...Des mots tout ça...Qu'est-ce qu'il t'ont fait les mots? » (page 134)
Ce n'est pas la première fois que La première guerre mondiale est le contexte d'une enquête. On peut ainsi citer Un long dimanche de fiançailles, de Sébastien Japrisot, ou encore Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre. Ces romans sont regroupés dans le blog et leurs chroniques accessibles sur le lien suivant Première guerre mondiale.

Le roman de Philippe Claudel a fait l'objet d'une adaptation au cinéma en 2005 par Yves Angelo.



La guerre, cet objet littéraire et philosophique


Guernica, Pablo Picasso, 1937.

Le site web www.site-magister.com se penche, parmi ses nombreux travaux dirigés et fiches thématiques, sur la guerre.

Son auteur, Philippe Lavergne, professeur agrégé de Lettres Modernes, rappelle que la guerre est un état continu, sinon normal de l'Humanité. Il propose d'aborder cette thématique en tant qu'objet littéraire et philosophique en se débarrassant "d'une déploration convenue sur la "boucherie héroïque" qui caractérise l'Histoire (avec sa grande hache, comme disait Georges Perec). Non qu'il faille oublier les charniers et les massacres, bien entendu, mais parler de la guerre en leur seul nom ne peut qu'entraîner un manichéisme sommaire".

De fiches de travail en analyses thématiques, citations et références (Eschyle, Homère, Raconter la guerre, Guerre et fête, La paix...), il propose également de nombreux liens, à destination d'un public lycéen et étudiant, mais pas uniquement.



On notera avec grand plaisir que le Blog des romans et des guerres fait partie des références et des liens proposés aux internautes.

Philippe Lavergne est également coanimateur du site www.weblettres.net, le portail de l'enseignement des lettres.

Le pont de la rivière Kwaï, Pierre Boulle

Pierre Boulle
Julliard, 245 pages
1952




Le pont de la rivière Kwaï est l'histoire d'un affrontement entre deux hommes, entre deux empires aussi. C'est le bras de fer imaginé par l'auteur français Pierre Boulle, entre le colonel britannique Nicholson et le colonel japonais Saïto en 1942.

Ce qu'il reste du régiment du colonel Nicholson, fait prisonnier dans la région de Singapour, est envoyé aux confins de la Thaïlande, à quelques kilomètres de la frontière birmane.

Là, sous les ordres du féroce colonel Saïto, les quelque 500 prisonniers sont chargés de construire un pont sur la rivière Kwaï, dans le cadre du projet de ligne de chemin de fer entre Bangkok et Rangoon. La ligne vise à ouvrir la route du Bengale pour l'armée nippone.

Des officiers spécialistes des travaux publics


Nicholson est entouré de deux officiers de réserve, le commandant Hughes, qui était dans la vie civile directeur d'une compagnie minière, et le capitane Reeves, ingénieur de travaux publics. Il y a également le médecin commandant Clipton, que l'auteur utilise comme pièce maîtresse de la narration et du regard posé sur Nicholson et les événement de la rivière Kwaï.

Le pont sur la rivière Kwaï construit pour le film de David Lean en 1957

Le roman se structure en trois parties, la première est un affrontement, un bras de fer entre Saïto et Nicholson, qui refuse de se soumettre au règlement du vainqueur. Une fois ce bras de fer gagné par le britannique, la deuxième partie s'attache à décrire la prise en main du chantier par les Britanniques.

Car le colonel Nicholson décide, contre toute attente, et pour prouver la supériorité de son pays, de mener à bien les travaux. C'est alors qu'intervient l'Intelligence service et la Force 316, spécialisée dans les destructions à l'arrière des lignes. Elle envoie un commando qui a pour objectif la destruction du pont de la rivière Kwaï. Le suspense est tenu jusqu'à la fin.

Amour du travail bien fait ou "stupide mystique de l'action"


Le roman met en opposition permanente, Britanniques et Nippons, avec de façon plutôt binaire (en apparence seulement), d'un côté, le savoir-vivre, le flegme, l'humour, le savoir-faire jusque et y compris dans la construction du pont. De l'autre, la sauvagerie les mauvais traitement, l'irascibilité, la violence, et l'incompétence dans la direction des travaux.

A ceci près que le colonel Nicholson, dans son entêtement à démontrer la supériorité de son pays, contre les intérêts même de son pays, apparaît lui aussi comme un fou, qui est, dit le roman, partagé entre l'amour du travail bien fait, du devoir accompli et « la stupide mystique de l'action », un colonel respectable ou un « monstrueux imbécile ».


Voici l'incepit du roman de Pierre Boulle

"L'abîme infranchissable que certains regards voient creusé entre l'âme occidentale et l'âme orientale n'est peut-être qu'un effet de mirage. Peut-être n'est-il que la représentation conventionnelle d'un lieu commun sans base solide, un jour perfidement travesti en aperçu piquant, dont on ne peut même pas invoquer la qualité de la vérité première pour justifier l'existence? Peut-être la nécessité de "sauver la face" était-elle, dans cette guerre, aussi impérieuse, aussi vitale, pour les Britanniques que pour les Japonais. Peut-être réglait-elle les mouvements des uns, sans qu'ils en eussent conscience, avec autant de rigueur et de fatalité qu'elle commandait ceux des autres, et sans doute ceux de tous les peuples? Peut-être les actes en apparence opposés de deux ennemis n'étaient-ils que des manifestations, différentes mais anodines, d'une même réalité immatérielle? Peut-être l'esprit du colonel nippon Saïto était-il en son essence analogue à celui de son prisonnier, le colonel Nicholson?"


Pierre Boulle s'est inspiré de son expérience dans les forces spéciales britanniques en extrême Orient pendant la Seconde guerre mondiale. L'histoire de la construction de ce pont s'inspire également de faits réels, c'est-à-dire la réalisation d'une ligne ferroviaire par des prisonniers de guerre dans des conditions matérielles dramatiques. D'ailleurs la rivière Kwaï (Kwaï Yai) existe et son pont ferroviaire se situe à proximité de la ville de Kanchanaburi, en Thaïlande.

Le roman a fait l'objet d'une adaptation à grand succès au cinéma par David Lean en 1957. Avec Alec Guiness dans le rôle de Nicholson et Sessue Hatakawa dans le rôle de Saïto. On notera que la fin du film, aussi surprenante qu'elle fût, ne correspond pas tout-à-fait à ce qu'a imaginé Pierre Boule.


Pierre Boule (1912-1994)
Et en lien ICI, le site web de l'association des amis de Pierre Boulle.

Pays de nuit, Janane Jassim Hillawi

Janane Jassim Hillawi

Actes Sud, 356 pages

2005


Titre original (en arabe): Layl al-bilâd.




On connaissait de la guerre Iran-Irak cette photo de soldat anonyme recroquevillé dans un trou boueux, symbole silencieux d'un effroyable carnage. Pays de nuit, est le grand roman de cette guerre qui fit entre 500 000 et 1 200 000 morts, de septembre 1980 à août 1988.

Abdallah est un étudiant originaire de Bassorah, la cité « pétrolière » au sud de l'Irak, à quelques kilomètres de la frontière avec l'Iran. Il est mobilisé et intègre un centre de formation. Il découvre les horreurs de la prison militaire, la torture, puis le front. C'est le grand carnage, une guerre de tranchée moderne. Il est ensuite affecté à une caserne au nord-est et se retrouve à combattre les peshmergas kurdes. Fait prisonnier, il découvre le combat de ces hommes et ces femmes dans les montagnes du Kurdistan, entre l'Irak, l'Iran et la Turquie.


Du Chatt-el-Araba au Kurdistan


Ce roman est le parcours sur une dizaine d'années de ce jeune Irakien chiite ballotté par les guerres du régime de Saddam Hussein. La guerre contre les Perses du régime des Mollahs, mais aussi la guerre contre les rebelles kurdes. Les rebelles kurdes qu'il va côtoyer au plus près et découvrir d'ailleurs les divisions entre les différents groupes, PKK, UPK, PDK, etc....


Ce roman est d'une très grande puissance d'évocation. Evocation de la guerre et des combats et dans certaines scènes, on n'est pas loin de retrouver ce que décrivaient les Barbusse, Dorgelès et autres soixante-dix ans plus tôt au sujet de la première guerre mondiale. Quand les hommes cherchent à entrer dans la boue pour échapper au déferlement des bombes et des roquettes. La zone des combats se situe non loin de Bassorah, dans le Chatt-el-Arab.

« Abdallah sortit la tête d'une tranchée de plusieurs mètres de profondeur après avoir grimpé sa paroi en escalier. Il scruta le paysage qui s'étalait devant lui dans le petit matin blafard: un sol gris et troué d'où montaient des effluves de poudre, de sang et de fumée; des tas de cendre et de corps déchiquetés éparpillés sur les flancs des talus de sable, mêlés à des débris d'engins calcinés renversés aux abords des tranchées ou en pleine campagne. L'étendue qu'il parcourait jusqu'à la lisière du fleuve Karkha était vaste et muette. Toute cette mort lui donnait un air de gravité et d'effroi. Les trous des obus avaient même été éventrés une seconde fois. Une odeur de sang et de poudre montait des corps saignés et tranchés sous les bombardements. Les canons aussi étaient tout éclatés; les tubes arrachés gisaient à plusieurs mètres de leur base. Abdallah observait la scène en se demandant si en plus de cela les Iraniens ne s'étaient pas infiltrés dans les tranchées. » Page 169

L'amitié et l'amour aussi


Le récit est aussi d'une grande puissance d'évocation quand il décrit les paysages fantastiques du Kurdistan, dans la région de Souleymaneh. L'auteur raconte la beauté de la montagne, ses dangers aussi.

« On voyait apparaître les maisons et les baraquements de Bishtashân: des cubes d'argile effrités et fumants. Malgré l'âpreté des jours passés, Abdallah était content d'être en vie... S'avançant sur les rochers, il trouva des lambeaux de tissu ensanglantés, une boîte de sardines ballonnée et des cartouchières pleines que les fuyards avaient laissés là. Des tâches de sang et des traces de pas boueuses souillaient la neige ». Page 293.

(© Bruno Barbey/Magnum Photos)

« Il s'arrêta sur le premier sommet: une série de cônes rocheux avec des crevasses profondes. Il avait déjà les pieds dans la neige. La lueur de l'aube colorait d'autres cimes de légères lignes roses et teintait les nuages blancs d'une poudre d'or qui miroitait contre un ciel d'un bleu de plus en plus intense. La lumière se déversait sur la neige avec un naturel plein de gaieté et les premiers rayons venaient de toucher les pentes de la vallée des Martyrs».
Mais ce roman saisissant est aussi une ode à l'amitié et à l'amour même si la guerre emporte tout. La guerre décrite par l'auteur n'est que la première des trois guerres du Golfe. Trois guerres en 30 ans.

« Les guerres n'eurent pas de fin. Les guerres n'ont jamais de fin, elles s'enfantent les unes les autres, comme les djinns».

Janane Jassim Hillawi est né en 1956 à Bassorah, en Irak. Il est l'auteur de plusieurs romans et recueils de poésie. Il vit aujourd'hui en Suède. Pays de nuit a été écrit entre 1993 et 1998.