Boualem Sansal, Le village de l'Allemand

Boualem Sansal

Gallimard, 304 pages

2008




Au-delà du thème de la quête d'identité, Le village de l'Allemand est un roman qui déroule une thèse de combat: l'islamisme radical est comparable au nazisme. (...)


Le village de l'Allemand, sous titré Le journal des frères Schiller, est d'abord l'histoire de deux recherches enchâssées l'une dans l'autre. Celle du jeune Malrich (contraction de Malek et Ulrich), qui cherche à comprendre pourquoi son grand frère Rachel (contraction de Rachid et Helmut) s'est suicidé. Pour ce faire, il accède à son journal dans lequel le disparu raconte sa descente aux enfers. Il était parti à la découverte de l'histoire du père, Hans Schiller, un Allemand, venu en Algérie où il a fondé avec Aïcha une famille après avoir participé à la guerre d'indépendance. Il avait même acquis le statut de Moudjahid. Mais qu'a-t-il fait avant 1954?

L'enquête du grand frère débute en 1994, à l'annonce du massacre des parents, dans le cadre de la guerre civile qui meurtrit alors l'Algérie. Le village d'Aïn Deb a été la cible d'un massacre dont n'échappèrent pas Hans et Aïcha. Rachel part sur place, au bled, puis remonte le fil de l'histoire paternelle jusqu'au coeur de l'Allemagne nazie. Le roman détaille les rouages de la machinerie nazie jusqu'au coeur des camps de la mort.

Le petit frère Malrich, gamin des cités, se débat avec un quotidien sans relief et affronte les islamistes locaux qui embrigadent au fond des caves. L'auteur déroule ainsi, non seulement un parallèle entre les islamistes et les nazis, mais aussi un parallèle entre les islamistes des maquis algériens et ceux des caves des cités en France.

Une grande part de ce texte est consacrée à la quête d'identité et au poids que constituent les crimes du bourreau pour les descendants. C'est ce poids du passé et cet héritage paternel qui va pousser le grand frère Rachel au suicide.

Boualem Sansal, né en 1949, vit près d'Alger.





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