La guerre des boutons

Louis Pergaud
Mercure de France, 289 pages
1912







La guerre des boutons est cette rivalité qui oppose les enfants de Longeverne à ceux de Velrans, deux villages que l'on peut situer à l'est de la France. C'est la guerre des gamins.

Les deux bandes se battent à travers champs et fourrés, à coup de triques et de lance-pierres. On grimpe en haut des arbres pour mieux préparer les offensives, on court à travers la campagne, on organise des expéditions punitives que l'on prépare pendant la récréation.

Il y a Lebrac le chef, Camus, Grandgibus et TiGibus, La Crique pour les Longevernes, et en face, l'Aztec, Migue-la-lune et les autres. (..)

"Peigne-culs" et "couilles molles"


Cette rivalité bascule quand il est décidé de couper et confisquer tous les boutons des vêtements des gamins capturés. Pour éviter ce désastre qui provoque punitions et raclées en rentrant à la maison, les Longeverne décident de se bagarrer nus...

Louis Pergaud
C'est le roman de la ruralité française de la fin du XIXe siècle ou du début XXe siècle. L'action se situe en Franche-Comté même si les noms des villages sont imaginaires. Velrans est présenté comme un bourg "calotin" et Longeverne, un village "rouge".

Une rivalité presqu'ancestrale les oppose. Louis Pergaud s'est inspiré de son vécu, d'ailleurs le roman porte le sous-titre "roman de ma douzième année". La langue est vivante et truffée d'argot et de mots en patois. Les Longevernes sont des "couilles molles" et les Velrans des "peigne-culs".  C'est la vie rurale dans toute sa rusticité et sa rudesse.

Le texte qui commence par décrire une ambiance bon enfant termine sur une tonalité plus noire avec le traitement que subit le traître Bacaillé. Rien ne sera plus pareil ensuite. C'est alors la fin de la récréation, le symbole de la fin de l'enfance.

La IIIe République et ses hussards


A travers ce roman, on redécouvre aussi l'école de la IIIe République, ses hussards noirs (ce que fut Louis Pergaud), ses leçons sur le système métrique, l'éducation civique et la guerre contre les Prussiens; ses cartes de Vidal-Lablache accrochées au mur.

Louis Pergaud, né en 1882, a été instituteur et écrivain. Il obtint le prix Goncourt en 1910 pour De Goupil à Margot. La guerre des Boutons paraît en 1912. Deux ans plus tard, il est mobilisé comme sergent au sein du 166e régiment d'infanterie.

Il part pour  Verdun en août 1914. Passé sous-lieutenant, il est porté disparu dans la nuit du 7 au 8 avril 1915 lors de l'attaque de la cote 233 de Marchéville. Il est déclaré mort pour la France.

Le Mercure de France a eu la bonne idée de publier en 2011 son carnet de guerre retrouvé dans sa cantine militaire quand elle fut restituée à sa femme. On peut y lire le quotidien d'un poilus et Louis Pergaud raconte beaucoup de l'ambiance entre soldats, les relations fraternelles ou parfois plus tendues, les corvées aussi, les bombardements, certains des bouges que fréquentent les soldats. Le 18 mars (1915), il raconte une attaque pour la prise de Marchéville. Une boucherie. Il fustige le général qui a ordonné l'assaut. Le dernier mot date du six avril. Il disparaît le lendemain.


La guerre des boutons a fait l'objet de plusieurs adaptations cinématographiques dont la plus célèbre est celle d'Yves Robert, en 1962.




Le destin de Louis Pergaud n'est pas sans rappeler celui d'Alain Fournier, l'auteur du Grand Meaulnes, roman campagnard et de l'enfance. Alain Fournier est mort au combat en septembre 1914 dans la région de Verdun.




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