Finir la guerre

Michel Serfati
Editions Phébus, 137 pages
2015





Longtemps après que l’encre des traités a séché, le son du canon continue de résonner dans la mémoire des acteurs d’une guerre. Deux, trois générations parfois sont nécessaires pour surmonter le traumatisme. (..)


À la mort de Daniel, un ancien appelé strasbourgeois de la Guerre d’Algérie, taiseux et absent, Alex prend conscience qu’il ne connaissait pas vraiment l’histoire de ce père qui vient de se suicider. Une lettre d’Algérie signée d’une certaine Kahina, découverte fortuitement et que le défunt avait reçu quelque temps plus tôt emporte Alex sur les traces de ce passé brutal, de cette guerre qui ne disait pas son nom. Quel est donc ce geste héroïque qui pendant cinquante ans a lié une famille algérienne à celle de Daniel ? Pourquoi Alexandre n’en a jamais rien su ?

Un malaise qui sourd comme un secret de famille


Dans Finir la guerre, Michel Serfati ne s’attache pas à décrire la guerre, encore que l’épisode lointain, en 1959, a scellé le destin de ses personnages et compte en lui tous les ressorts de la sale guerre d’Algérie. L’auteur décrit l’après, ce qu’il advient des individus marqués par l’événement et comment, de non-dits en secrets voir en quiproquos, les traces de la guerre passent d’une génération à l’autre.

Car le thème principal de Finir la guerre n’est pas la guerre. Il est plutôt ce malaise qui sourd comme un secret de famille et qui finit toujours pas manifester sa présence. L’auteur, qui signe là son premier roman à 62 ans, fait sienne cette citation de Montherlant : « Ce sont les mots qu’ils n’ont pas dits qui rendent si lourds les morts dans leurs cercueils ».

Une rencontre avec l'Algérie d'aujourd'hui


Éducateur spécialisé dans la région strasbourgeoise, aujourd’hui à la retraite, il explique d’ailleurs que ce thème du silence qui pèse est à chercher du côté de ses années d’éduc dans les foyers d’accueil : « j’ai été habitué à permettre aux gens d’exprimer cette souffrance. Quand elle ne peut pas être exprimée, c’est étouffant ».

Ses personnages souffrent en effet et cette souffrance les emprisonne en eux-mêmes, les empêche d’être heureux et de vivre pleinement le présent. Au-delà de ces thématiques, Michel Serfati, propose aussi, à travers le séjour de son personnage de l’autre côté de la Méditerranée, une belle rencontre avec l’Algérie d’aujourd’hui et ses habitants.





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