La rivière des parfums

Erwan Bergot

Presses de la cité, 607 pages

1990



Ce roman est le deuxième tome de la trilogie Sud lointain, une grande fresque coloniale qui met en scène l'arrivée d'un groupe de Français en Indochine au début du siècle et leurs aventures sur plus de soixante années.

Dans ce tome, La rivière des parfums, l'histoire débute en 1938 et s'achève au lendemain de la défaite de Dien Bien Phu, en 1954. Elle est centrée sur la famille Mareuil, Francis et Catherine, propriétaires de Bao Tan, une plantation d'hévéa. L'un des fils, Bertrand, est soldat et l'autre, Cyril, est aventurier et pilote d'avion (l'appareil s'appelle la Rivière des parfums, un fleuve annamite). Leur soeur Sylvie est mariée à une avocat vietnamien.

L'indochine, du Tonkin au nord, à la Cochinchine au sud, en passant par l'Annam, traverse la seconde guerre mondiale sous la domination des Japonais, puis aborde l'après-guerre dans l'agitation nationaliste et communiste qui débouchera sur la guerre d'indépendance.

L'auteur met notamment en scène les différents groupes qui s'organisaient dans la transition entre les Japonais et la tentative de reprise en main française; milices nationalistes, groupes issus de la pègre, communistes, ex-supplétifs des Japonais.

Ce texte, romanesque au possible, où alternent scènes de combats dans la jungle, histoires d'amour, querelles de cour et discussions politiques, est remarquable par la reconstitution historique qu'il propose de la société indochinoise en ces temps troublés et la description de l'enchaînement implacable des évènements. On y croise les figures historiques, Bao Daï, Ho Chi Minhl'amiral D'argenlieu, mais aussi les coolies dans les rues de Saïgon, les fonctionnaires français, les colons et leurs boys, les résistants et les pro-Pétain, les soldats du corps expéditionnaire.

Erwan Bergot est un écrivain dit "militaire" proche de l'extrême-droite française, qui a vécu la guerre d'Indochine en tant que soldat. A travers les lignes de ce roman, il laisse transparaître ses idées tant sur la colonisation, présentée finalement comme une bonne chose, que sur la défaite française de juin 1940, attribuée selon lui à "l'esprit de jouissance" des années trente et au pacifisme de ces années là, une vision typique d'extrême droite.

"La piste menant à Bao Tan avait été élargie, c'était maintenant presque  une vraie route, empierrée, recouverte de sable de latérite qui teintait les bas-côtés de rouge sang. Cyril pilotait lentement, rendant au passage leur salut aux coolies qui rentraient de leur travail. Il les avait presque  tous connus, les vieux au moment de leur arrivée ici, les jeunes au cours des batailles rangées auxquelles ils se livraient au temps de son enfance. Certains lui souriaient, manifestant leur joie de le revoir parmi eux, d'autres, les nouveaux, se bornaient à retirer leur chapeau conique, en une attitude de courtoise référence.
 - Bonjour, Thin, bonjour Sao, bonjour Man...
 - Chau, ong, Xy-rinh, répondaient-ils, joyeux.
Le village, lui aussi avait bien changé. Au rassemblement anarchique des premiers temps où les paillotes étaient édifiées n'importe comment, entre des venelles nauséabondes où pullulaient les moustiques, avait succédé un hameau ordonné de part et d'autre de chemins larges et droits, bordés de carrés d'herbes, de massifs de fleurs précédents des jardinets où poussaient des légumes, courgettes, tomates ou salades. Les façades, pour la plupart en planches rabotées, étaient peintes de couleurs tendres ou, plus simplement, en blanc de chaux. On sentait la marque de Catherine qui avait bien veillé personnellement au bien-être et à la santé des ouvriers." (pages 59-60)

La trilogie Sud Lointain est composée des tomes:
1. Le courrier de Saïgon
2. La rivière des parfums
3. Le maître de Bao Tan







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