La chambre des officiers


Marc Dugain

JC Lattès, 172 pages

2001



Adrien Fournier a été blessé à la face dès le début de la guerre, en 1914. C'est "une gueule cassée". Un trou béant marque son visage. Il va passer cinq années à l'hôpital du Val-de-Grâce, dans une chambre réservée aux officiers, au sein du service maxillo-facial. Il subit opérations sur opérations, avec le souvenir de la vie d'avant et surtout de Clémence.



Marc Dugain, qui signe avec la Chambre des officiers son premier roman, fait vivre toute l'humanité de ces hommes monstrueusement défigurés par les obus. En toile de fond, l'auteur dessine la trame historique de la Première guerre mondiale et des années qui suivirent.

Ce beau texte, qui ne manque pas d'humour, revisite les principales thématiques développées autour de la Première guerre mondiale, c'est-à-dire la camaraderie entre Poilus, la boucherie des champs de batailles, les planqués de l'arrière.


"Nous n'évoquions jamais l'avenir entre nous, mais je commençais à y penser. Par petites touches successives. Il s'annonçait aussi douloureux que le passé. Ou plus. Le passé nous avait pris par surprise, comme la foudre sur un arbre tranquille. L'avenir s'approchait à petits pas de vieillard. Le futur immédiat paraissait le plus effrayant. Un jour ou l'autre, il faudrait se décider à sortir pour de bon. Je crois que mon renoncement à notre première tentative avait soulagé Penanster et Weil, mais nous savions qu'il faudrait y retourner. Nous avions, pour gagner du temps, l'alibi des nouveaux qui arrivaient par trains entiers de Verdun. La capacité d'accueil du service maxillo-facial avait été doublée. Nous avions de quoi nous occuper. Toutes les semaines un nouvel arrivant tentait de se donner la mort en s'ouvrant les veines ou en se pendant au réservoir d'eau des toilettes. Nous, les anciens, devions persuader des pauvres gosses  qui avaient perdu un ou plusieurs sens qu'il leur restait de bonnes raisons de vivre."


1 commentaire:

  1. C’est un roman maginifique. Il s’agit en effet de camaraderie entre poilus, de boucherue de champs de batailles et de planqués de l’arrière. Mais plus encore, j’ai trouvé pour ma part, que c’était une des plus belles ôdes à l’amitié qui soit...

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